Les affres du destin inondent la mémoire
De nos jours affligés par les sombres matins
Que le présent détient tel un triste grimoire
Dans la grotte féconde où s’ancrent les chagrins.
Doit-on pour apaiser nos mornes inquiétudes
Arracher les feuillets du passé qui s’enfuit
Si la source détruit les nobles certitudes,
Que la raison s’éteint aux portes de la nuit ?
Faudrait-il enlever, réviser quelques pages,
Creuser dans la douleur les parois du néant
Ou savoir, par instant, distinguer les mirages
Pour unir le désert aux glèbes du levant.
De l’infini brouillard le tulle noir se lève
Eclairant notre ciel d’une lueur d'espoir,
Les âpres souvenirs chavirent dans le rêve
Et glissent lentement sur le vaste miroir.
L’oubli brode sa clé sur les franges lointaines
Dont l’écharpe du temps dispersera les pleurs
Sur l’immense tapis des vétilles humaines
Où germe quelquefois le blé de nos erreurs.
Poème de Jacqueline Peytavi