Sur tes sillons dorés s’élancent les régates
Où tels les papillons, des essaims de voiliers
Butinent chaque soir tes ondes écarlates
Quand un soleil de braise enflamme les halliers.
J’effleure ton miroir dont l’écume plaintive
Vient iriser le sable où la vague s’endort
Pour enfin libérer à l’oreille attentive
Un poème louant les clapotis du port.
Il me souvient encor les doux reflets d’opale
Des effluves salins sur le ruban des mers,
Les barques aux tons vifs d’une carte postale
Qui frangent de satin les souvenirs amers.
Et je songe parfois, en ces nuits étoilées,
A l’éden généreux auxquels certains ont droit
Pour les maux endurés, les attentes voilées
Du royaume éternel où le doute s’échoit.
Mais le rocher subit de la mer les révoltes,
S’érode au fil du temps, ressac après ressac
Et les bonheurs furtifs se voulant désinvoltes,
Enfuient l’éclat du jour pour l’ombre de l’ubac.
Lors, les maillons brisés fragilisent la nasse
Et l’existence un jour, atteint son confluent ;
Le poète sursoit et tend vers le Parnasse
Unissant l’Empyrée aux îles sous le vent…