Ce soir là, de gros nuages noirs chargés de grêle plombent le ciel et la campagne prend son aspect des nuits sombres. Soudain, le vent se prend à souffler par rafales, et les arbres parcourus par de longs frissons, se dépouillent des belles frondaisons.
Malgré la tempête qui menace, Adeline s’enfuit, affrontant la colère du ciel. Un éclair zèbre le ciel obscur. Brusquement, le ciel pleure sans que rien ne l’émeuve, de grosses gouttes de pluie martèlent le sol, semblent hésiter, puis s’enhardissent, tambourinant sur l’asphalte assoiffé.
La jeune femme, noyée dans ce décor nimbé de tristesse, arpente le petit chemin de terre embouant chacun de ses pas. Sur son visage, les larmes ne sont que quelques gouttes de plus s’unissant en crue salée. Elixir de souffrance et de regrets qui libère son cœur brisé. Sa peine glisse au plus profond des abysses et sa nuit module la plainte que lui renvoie le sol, en miroir brisé.
Elle n’essuie guère son eau de chagrin, la pluie a transformé son maquillage en auguste. Peu importe ! Un sentiment houleux inonde son âme. Elle marche et ne sait où la conduisent ses pas ; elle avance, laissant derrière elle tout ce qui fut, et s’étiolera. Il avait essuyé ses pleurs dans un dernier geste de tendresse, dissimulant les siens derrière ses yeux rougis. Puis elle avait disparu, repoussant l'étreinte de ses bras.
Déjà les souvenirs mal enterrés de ce passé si proche deviennent son marque page. Adeline se répète tout bas qu’il lui faut oublier…oublier cet amour qu’elle savait impossible en raison de l’anneau d’or qui brillait à son doigt. Cruellement, elle entend résonner ses mots doux, ressent ses tendres étreintes et les frissons qui avaient parcouru sa route infidèle. A présent, il ne lui reste que solitude et rêves inachevés, avec la seule certitude… d’avoir vraiment aimé. Non, surtout ne pas se retourner ! Jamais ! Puisant la force dans ce courage qui la caractérise, elle subirait son nouveau karma …sans lui ! Quelle déchirure ! Existe-t-il un mot pour définir un tel désespoir ? Larmes !
Adeline s’enfonce dans la nuit, l’amertume au coin des lèvres, celles même qu’il trouvât si douces, si belles. Derrière elle, le noir, devant, la vague qui n’éteindra jamais le brasier laissé par son amant. Le chemin sera long, douloureux, le retour impossible, son ombre s’enfuit dans la nuit, l’oubli !
Du crépuscule jusqu’aux aurores,
L’amour étendra toujours ses ailes…
Des êtres souffriront encore,
De leurs gestes infidèles.
Leur passé pleurera toujours,
Puis un soir, la nuit deviendra jour.