L’hiver a déposé son beau manteau de laine
Sur le front gracieux des pins aux reflets gris
Et les bois endormis par la bise lointaine
Enrobent de langueur les plaintes et les cris.
Là-bas, dans le lointain, le givre se dépose
En poussières d’éclat au prisme transparent ;
Sur l’églantier canin que sublimait la rose
La neige a remplacé le pourpre par l’argent.
Nous vivons en secret les plus belles images,
Tout est blanc sur le sol, Dieu, que l’hiver est beau
Par le chant libéré du chœur des paysages
Qui s’élève au zénith, clamant le renouveau !
Pourtant, la faim, le froid, assènent ses victimes
Que personne jamais ne veut apercevoir,
Nourrissant les rancoeurs et vouant aux abîmes
Les mornes favelas qu’on ne peut concevoir…
De trop nombreux exclus ignorent la lumière,
Pas le moindre cadeau quand sonnera minuit ;
Autour de nos cités, les enfants de l’ornière
Regarderont en pleurs... le Noël qui s’enfuit.