Si l’âpre souvenir encourage les armes,
Blessant notre destin du glaive au fin tranchant,
Il s’érige, malsain, ironique et méchant
Sur le radeau fragile où s’exilent nos larmes.
D’étranges cumulus assombrissent le rêve,
Versent les mornes pleurs dans l’océan des mers
Et, pour ne pas sombrer des vertiges amers
Nos perles de chagrin dérivent sur la grève.
La source paraît belle au torrent des chimères,
On s’abreuve en son sein, on meurt sans le vouloir ;
De tristes lendemains coulent en désespoir
Quand la pointe d’airain attise nos colères.
Un extrême tourment inflige la blessure,
Des ailes de douleur à l’envol nébuleux
Implorent la clémence au royaume des cieux
Dont l’âme des anges apaise la morsure.
Dans le port de l’oubli vogue la délivrance
Rien ne sombre vraiment, ne se perd à jamais,
La flamme aux reflets d’or brûlera désormais
Dans le creux de nos mains où brille l’espérance.
Poème de Jacqueline Peytavi