L'ouverture de ce Diaporama est certes un peu longue mais les mélomanes
y trouveront matière à m'en excuser !
Je me suis approchée du clavier et, sans bruit, me suis assise. J’ai effleuré de l’index une touche et, tout à coup, un son étrange semblant s’échapper d’une bouche, de celle d’un enfant, d’un ange, s’envola tel un oisillon ; un son mélodieux, caressant, plus joli que le violon, un son divin, reposant, troublant. Ce n’était plus moi qui jouais. Mes doigts sautaient d’une touche à l’autre et les notes les plus belles s’égrenaient encore plus douces les unes que les autres.
Mes mains couraient sur l’ivoire et jouaient comme si elles savaient, soit sur les blanches, soit sur les noires. Un chant dans les cieux s’éleva. Autour de moi, tout s’animait : les meubles, les cahiers, les livres ; tout vibrait comme si j’étais ivre. Le chant par la fenêtre s’échappait. Les arbres, le ruisseau, les fleurs, toute la nature dansait. C’était comme si elle avait un cœur. Et soudain, soudain, tout s’arrêta, le piano n’était plus là…. Le visage en deuil, je restais là, immobile, seule, surprise, anéantie, livide, les doigts posés sur le vide. Le vieux piano avait-il existé vraiment ou l’avais-je simplement rêvé ?
Oui, il avait bien existé, c’est le hautbois qui me l’a confirmé. Il l’avait ouie dire par Madame Clarinette. Alors, sans tambour ni trompette, il s’en était allé loin, très loin pour faire la fête. Il jouait de toutes ses cordes, de tous ses marteaux dans une symphonie fantastique, telle une cavalcade héroïque avec Beethoven et Mozart et Brahms et SChubert, pour amuser le ciel et faire danser les anges, les chérubins, les archanges.
Pour charmer L’Éternel !