Le fleuve du printemps émerveillé de rêves
Emporte dans ses flots tous nos vœux exaucés,
Indicibles bonheurs aux minutes trop brèves
Dans la brume du soir si tendrement bercés.
Remontant vers l’amont dans le val de nos rides,
L’onde des souvenirs reflète nos émois,
Sur la berge fleurie, aux chênes impavides
Perdure notre amour aussi grand qu’autrefois.
Parmi les troncs rugueux d’une longue existence,
Dans leurs branches, la joie entremêle nos pleurs,
L’été de Saint-Martin redonne la jouvence
Aux bourgeons du passé prisonniers en nos cœurs.
L’éclat pur du cristal paillette les feuillages
En des milliers de feux sous leurs dômes rouillés
Puis le soleil s’endort glissant dans les nuages
Le dernier rougeoiement de ses rayons mouillés.
Notre ciel automnal languidement s’effeuille
Lorsqu’il voit s’envoler l’âme de nos vingt-ans,
La vie, unique fleur que l’existence cueille,
Regarde se tarir la clepsydre du Temps.
Poème de Candide Agnèse