Hélas, le temps s'enfuit. Pourquoi ces fines rides ?
Pourquoi ces pleurs furtifs ? Pourquoi tous ces regrets ?
N'aurions-nous donc vécu, que des étés arides
Sans les moindres câlins envoûtants et secrets ?
En nos vieux souvenirs s'attardent les images
Et nous fermons les yeux pour mieux les voir encor
Nos corps, sont des roseaux, roses sont nos visages,
Tes fins cheveux de jais vrillaient mes boucles d'or.
Sous l'arceau des sourcils frémissaient tes paupières,
Une source de jade irisait ton regard,
Vibrait comme les joncs courbés par les rivières
Sur les bords ombragés se prolongeait ton fard.
Le souffle du zéphyr parfumé d'églantine,
Emportait nos aveux comblés d'infinité,
Leurs échos devenaient vive cloche argentine
Qui versait, en nos cœurs, un chant d’éternité.
De cet air gracieux naît une cantilène
Créée avec des mots cueillis dans l'univers,
Dans un tendre baiser fêtons la soixantaine
De nos soyeux printemps où dorment les hivers.
De notre cher foyer emplit de privilège
Nous consumons sans fin la chaleur d’un tison,
La flamme de l’hymen est brûlant florilège,
Ô trésor du passé de l’Arrière-saison !
Poème de Candide Agnèse