L’hiver vient de vêtir son long manteau blanc et de frissons en nez couverts, les passants traversent à la hâte le jardin qui, hier encore, s’abreuvait de leurs douces rêveries. Chacun allonge le pas, se dirigeant expressément vers ses besognes. Pour autant, la saison des fêlures et stigmates revient en ces temps où les jours s’écourtent et quand pour certains, la solitude s’accroît…
Abandonnée dans ses tristes pensées, l’inconnue attend, immobile, percluse par le froid, qu’une âme prodigue vienne s’asseoir à ses côtés… mais que nenni ! Chaque jour décline d’égale désuétude et d’aucuns ne semblent s’apercevoir qu’un être glisse dangereusement vers les abysses. Indurée dans son enfermement et sans autre compagnie que celle de son banc, elle espére mais en vain, qu’une main légère se posera sur son bras.
Ce contact, ce geste elle en rêve depuis que la Grande Faucheuse l’a déchue de son droit d’épouse, et la viduité, plongée dans les vapeurs des marchands d’illusions. Qui l’en blâmera ? Pourquoi était-elle si transparente ? Une main, une seule main inconnue qui défilerait le cocon de ses craintes, effacerait le tableau noir de ses jours et la délesterait de son armure…
Nonobstant, personne Ô, grand jamais personne ne s’approchait suffisamment d’elle pour apercevoir ses yeux remplis de larmes et son triste regard sollicitant une aide quelconque ; une toute petite présence, une minute, trois secondes, elle n’en demandait pas davantage ! Elle espérait sûrement bien plus mais n’osait y croire…était-ce exigence que de se contenter du moindre ?
Elle aurait tant aimé que le poids de son corps se fasse moins lourd, que la lumière revienne, que ses yeux s’éclairent et ses doigts se tendent ; les vicissitudes de la vie en avaient voulu autrement ! Ainsi donc, à l’heure où les rayons de soleil expirent derrière les grands arbres, quand le froid redouble de vigueur, la pauvre dame se lève péniblement et, d’un pas incertain, regagne son triste logis. Aujourd’hui encore, personne ne l’avait remarquée et, dans l’indifférence des passants… elle s'en est allée !
Et si demain, il s'agissait de l'un d'entre-nous ?