Au réveil matinal, quand sonnent les matines
L'on ne boit que du café lyophilisé ;
Adieu, le pain beurré qui dorait nos tartines,
Cholestérol ! Tu nous as culpabilisés.
C'est lui qui obturait la voie des coronaires,
Arrondissait nos fesses en plaisants bourrelets
En jetant l'anathème sur nos joies culinaires
Du péché capital des démons cassoulets.
Dans un nouveau crédo l'on veut nous faire entendre
Qu'il nous faut aujourd'hui, se nourrir d'allégé;
Nos plaisirs d'autrefois, la mode veut les prendre
Pour être un haricot vertement allongé.
Dans un simple paquet, tranchés en pain de mie
L'on voit étiqueté parmi les composants,
Farine de froment puis -c'est de l'alchimie-
Ces termes nébuleux écrits en mots savants.
Dans des barquettes alu couvertes de plastique
Où, scientifiquement tant de mots sont inscrits,
Lipides insaturés, la valeur calorique
Parfumée d'un ersartz pour tromper nos esprits.
Rien ne mijote plus sur les fourneaux en fonte
Où, chantonnaient gaiement, cuisinant à feu doux,
Tous les boeufs mirontons s'en vont mourir de honte
Devant ces micro-ondes ignorant les tripoux.
Poème de Candide Agnèse