Le troubadour savait :
La princesse n'avait point licence à se laisser entreprendre.
Compliments, éloges, faux-semblants et badinages
Furent l'encre pour la séduire sans ambages.
Conquérir, courtiser, à vouloir tout prendre.
Hélas, la discipline de sa belle lui sembla si accablante
Qu'il délogea son château dès l'aube naissante.
Il regagna son humble castelet
Pour rejoindre celle qui vêtit le troubadour
D'une mise d'esclave.
Devait-il jouer de sa lyre, de ses mots, de sa plume
Pour attiser sa flamme ?
Dans sa nuit, la princesse languit, espéra si fort
Que son poète vint la surprendre.
Hélas, rien n'en fut.
Le troubadour ne se para d'autre ombrage
Que celui d'éteindre sa flamme,
Considérant sa belle
Comme une courtisane.
Puis, déçu fut-il, chemin revenant,
Qu'elle ne répondit plus à sa cour pressante,
Quand, le voile levé, elle découvrit son âme
Pour la moins éloignée, de son dit langage.
Belles ! Gardez-vous des beaux mots.
Fuyez les belles phrases,
Quand bien même soient-elles,
Celles que vos illusions,
Attendent...
(Article rédigé par J.Peytavi)