À Candide AGNÈSE Ta muse, cher Candide, est toujours complaisante Et il me plaît d'ouïr le tempo de tes vers. Leurs sons énamourés – musique bienfaisante – Résonnent alentour dans leurs thèmes divers. Calliope éloquente, Erato qui m'envoûte, Sur ton berceau, jadis, posèrent une fleur. Il faut avoir été béni des dieux, sans doute, Pour coudre ainsi les mots d'une si belle ampleur. Tu cisèles pour nous les plus charmantes rimes ; D'un pinceau délicat tu colores les sons ; Rien ne paraît plus beau quand, lorsque tu t'exprimes Dans notre art gracieux, montent de doux frissons. Souvent premier, tu fus ; et dans ta tour d'ivoire, Jamais tu n'apparus orgueilleux, blasonneur ; Tes amis s'enivraient de ta discrète gloire ; J'ai dit : "Etre après toi, c'est encore un honneur !" A mon recueil, j'ajoute une nouvelle image Pour que ton nom soit lu par la postérité. C'est ma façon, vois-tu, de te rendre l'hommage Et d'honorer, enfin, ta virtuosité. Le temps fuit comme l'onde à la source limpide ; Un jour, ces vers teintants ce feuillet racorni Laisseront deviner, ô poète ! ô Candide ! Mes louanges d'alors, sur un papier jauni. Qu'importe ! grise-nous de ta plume d'orfèvre ; Grave de ton stylet le songe de la mer ; Et permets-nous d'avoir, imprégné sur la lèvre, Le goût âcre et puissant de ce breuvage amer ; Car le verbe, par toi, resplendit ; et sublime L'amour et les splendeurs de notre humanité. Dieu qui précipita Satan dans un abîme T'a transmis, je le crois… de sa divinité. |