Quand mes pensées s’égarent sur les sentes des souvenirs, c’est toujours ton regard qui préside en ces lieux ! Quelques maux m’affligent, quelques larmes perlent sur mon visage et jaillit alors le désarroi. Pour quelles raisons, me direz-vous ? Je l’ignore ! Ses rives embrumées s’épandent étrangement, me plongeant dans les abysses sans pour autant désirer m’y perdre, le temps d’une réflexion soudaine qui ourle mes yeux de ces quelques larmes amères.
La mélancolie nimbe cet instant d’une aura sombre comme le reflet sépia d’une vieille image oubliée dans un très vieux grenier, dans un coffre, enfermée là, dans le livre des heures archivées !
La grisaille alourdit ma plume, enveloppant chaque mot d’un sentiment étrange au drapé inquiétant. Les mots se confinent et résonnent différemment comme l’eau qui s’étale sur les rivages les soirs de pleine lune, agitée par la barque d’un passeur solitaire et… s'échouant tout doucement.
Ô, ouate indicible, tu sembles me ceindre ! Mon âme se révèle meurtrie, tiraillée par cette nostalgie subtile et les mots déploient leurs corolles comme un bouquet de fleurs fanées avant même qu’elles n’éclosent. Je sonde tout à coup ce romantisme brutal, passionné, absolu, sans concession et je me perds dans les effluves des nuées mortifères de ce spleen tenace. Puis, soumise, je m’abandonne toute entière aux attraits indicibles de la déroutante invitation des fonds stériles.
La réflexion est ma plus fidèle compagne. Elle ne s’apprivoise pas mais elle m’offre un regard différent sur ce qui m’entoure, comme une frontière esquissée entre deux mondes qui s’épousent et ne se comprennent pas, comme un portail érigé sur mes arpentes, sur les chemins aux mille dédales, là où se rêvent les choses...où elles n’existent pas car au fil des jours, les cœurs érodés de maints écueils, s’enferment et s'emprisonnent, empêchant l’amour de s'exprimer.