" Une rose chagrinée pour l'ultime voyage ! "
La marche avance silencieusement
sur le revêtement noir et luisant.
L'airain sonne le glas,
martelant tristement les esprits.
La douleur redouble d'intensité,
et les visages ne sont plus que larmes,
déferlant à ne pouvoir les éponger.
Est-il une situation plus glauque que celle qui enjoint le destin d’une jeunesse à basculer dans l’irrémédiable ? Les mots, les phrases circonstancielles pourtant inéluctables, n’ont d’accueil que le silence qui répond à cette attente. Ce cauchemar, cette douleur sans épilogue, ce désespoir au tréfonds de l'âme, trouveront-ils un exutoire dans la consternation d’une nation entière ?
Du haut de leur jeune âge, elles regardaient le monde le regard rempli d’optimisme, elles étaient jeunes, elles étaient belles, elles étaient gaies, elles étaient…..vivantes.
Lorsque le destin choisit de donner la vie à celle qui deviendra certes une femme, en aucun cas il ne précise qu’elle subira peut-être un jour, des sévices qui feront d’elle une victime qui expira sous les coups mortels d'un homme en folie ! Que ce soit dans les vapeurs d’un quelconque supplétif d’un mari, d’un amant brûlant dans les flammes de la jalousie ou les pulsions criminelles d’un multirécidiviste, voilà bien le risque encouru d’être une femme, car lorsque son verbe est trop haut, sa beauté trop évidente, sa supériorité croissante, l’on a de cesse de la descendre au rang inférieur.
Que l’on adhère ou pas, que l’on milite ou non, des milliers de femmes meurent chaque année et mourront demain, sans savoir qu’un voile trempé, imbibé de haine fausse la perception de l’image de la femme, que les hommes façonnent en quête d’idéal, mais que certains, à l’instar d’un juge extérieur impitoyable, vilipendent, posant sur elles un regard dépréciatif.
Aujourd’hui, parents, grands-parents, il nous faut trembler, être femme, et mourir en tant que telle. Devrons-nous porter le voile et revêtir la djellaba pour rendre nos formes évanescentes, cacher la beauté d’un visage, la naissance d’un sein, le fuselage d’une jambe ou le galbe d’une hanche ?
Aujourd’hui, je pense à Sophie, strangulée, à Ghorane, lapidée, à tous ces enfants martyrisés dont les larmes sur nos joues portent le nom, dont le destin gît sur le pale écritoire, et qui n’ont qu’un seul tort, celui de naître femme. J’ai le cœur en lambeaux et j’épouse par la pensée, ce long travail de deuil des familles concernées comme si leur propre vie venait de s’arrêter et que seule la douleur, subsistait.
Comment faire face à la réalité, fi à l’actualité, front aux événements qui font et feront de chaque jour un puits de larmes sans fond. Mais quels sont ces êtres infâmes qui entachent la réputations des "vrais hommes", nous contraignant à les cataloguer dans le sempiternel cliché de la similitude ? Naîtra-t-il celui qui saura nous rassurer sur l’avenir des femmes ?
Il ne manquera certes pas d’hommes pour mal interpréter cette déclamation, les uns moins concernés qu’il ne sied, les autres piqués au fer rouge, n’y percevant qu’une dévaluation mordante de la gent masculine que j’aurais déchiré à pleines dents. Mais que ceux qui s’offensent du sujet s’en viennent à penser qu’ils ne sont en rien, visés. Critiquer certains hommes sans effleurer une seule personne nommément, est-ce mordre vraiment ? Non, il s’agit de laisser entendre aux hommes dignes de ce nom que je ne me suis uniquement attachée à recenser les victimes de ceux qui se flattent être des leurs sans en posséder les moyens, car ceux-ci méconnaissent que leur dissidence n’est que manière de lutter contre la déficience qui les accable.
Par cet article, je n’invente ni n’apprends rien, et quand bien même certains s’en trouveraient froissés, il traduit une conviction, ma vérité. Faisant référence à Maxime,(ici) le grand, l’unique, le vrai, j’ajouterai ceci :
" La vérité est parfois telle une lame d’acier
Qui fait saigner les larmes
Hurler les cœurs
Lorsqu’elle crève les abcès de nos excès."
Et la rose pleure !!!
Non, ma plume ne s'est point égarée dans des propos féministes. Elle a fait couler l'encre de la solidarité avec toute la réflexion que cela implique et retrouvera sa douceur, dès l'aube naissante. Je précise que j'ai dénoncé un cas particulier "certaines femmes, assassinées par certains hommes". Tout débordement du ditsujet amorcerait un débat s'éloignant des faits relatés. Dieu merci, de nombreuses familles ne pleurent pas la disparition de leur enfant dans de pareilles et fâcheuses circonstances, la majorité des femmes n'est pas victime des êtres ci-dessus nommés, et la société regorge de dignes représentants de la gent masculine. Pour autant, il fallait que certaines vérités fussent écrites.
(Article rédigé par J.Peytavi)