D'ici et d'ailleurs

MA COMMUNAUTE

encrier et plume-copie-2

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17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 08:31



....A ma belle-maman !



 

 

Elle se tient assise près de moi, la tête fléchie, comme si ses genoux qu'elle caresse inlassablement, témoignaient de l'histoire de sa vie. Je l'observe discrètement, penchée sur ma feuille blanche, où la plume trace une à une, les lignes qui vont se succéder. Son esprit se dérobe parfois et son regard cherche désespérément où se poser vraiment. Elle s’abandonne passivement au seul spectacle de masse que lui offre le foiral, converti pour la circonstance en une véritable fourmilière humaine. Elle tortille ses doigts, puis soulève prestement la mèche de cheveux qui caresse son front, abandonnée dans le secret de ses silences, et il en est ainsi depuis fort longtemps…


Elle vit à l’instant, sans rien derrière, sans rien devant. Chaque seconde qui tombe est déjà du passé, chaque tic, chaque tac devient une blessure. L’horloge de ses heures, ses souvenirs, tout cela l’a quittée. Pour elle le temps est un espace sans résonance qu’elle franchit sans s’en apercevoir. Chaque heure du jour la plonge dans la pénombre, que le soleil soit haut, que le soleil soit bas.


Quand le silence se fait trop lourd dominé par le procédé de la mise en abîme, je tiens le rôle charnière où le présent occupe une place de premier plan, le passé n’étant plus. Alors je tente de l’arracher à son mutisme, tournant les pages poussiéreuses et fermées depuis que sa mémoire a fui. Fort heureusement, j’ai toujours gardé ses souvenirs dans le coin le plus cher de mon cœur, moissonné tant et tant d’images, de celles qui passent si vite et que l’on ne peut suspendre.


Elle devient l’enfant, objet de mes tourments, que le temps a oublié de faire grandir outrepassant ses droits. Alors je joue le jeu subtil du va-et-vient, j’évoque ses souvenirs, les lieux, les personnes qu’elle a connues durant sa jeunesse et sur lesquelles le temps a fait son œuvre. Des joyeuses époques jalonnent cette quête du temps perdu dans laquelle je suis entraînée. Elle me répond par un joyeux fou rire. Ebaubie, je ris bruyamment pour souligner ce magnifique trait d’humeur et il me sied de manifester sur ma face, un rire complice. Sa présence me réconforte, elle devient l’amie des instants noirs, de la solitude des soirs où la douleur devient trop forte. Mes larmes coulent d’une source divine où ma soif s’accroît sans ne jamais s’étancher. C’est dans ces pleurs-là que je bois pour m’enivrer de son eau de vie.

 

Ainsi le temps qui passe sur vous et celui qui passe sur moi ne détient pas le même visage. Il miroite de ses mille facettes et sans crier gare, il cache parfois sa notion jusqu’à disparaître... Il méconnaît alors l'individu, ne lui accordant le moindre regard. Aujourd'hui, seuls mes yeux, ma bouche, ma plume s’en font l’écho afin que ne meure sa présence auprès d'elle.

L’expérience faisant foi, j’ose espérer que le temps qui passe et celui qui passera ne sera pas une gomme quand bien même mes pensées s’étalent sur un fond de larmes séchées. Peut-être me trompé-je ! Cependant, l’écriture fige ma colère, ma déception...... et mes larmes.

 

 

Alzheimer, maudite sois-tu !!!

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